Granville ou la Manche de Christian Dior
30 mai 2011Un petit garçon, nommé Christian Dior, né à l’aube du nouveau siècle, s’installe à Granville avec ses parents et son frère aîné, dans une villa perchée sur la falaise, construite par l’armateur Beust à la fin du XIXième siècle.
La propriété avec pour horizon l’archipel des îles Chausey sera baptisée « Les Rhumbs » terme de marine désignant les trente-deux divisions de la rose des vents, motif incrusté dans le sol en mosaïque de la véranda faite construite par sa mère.
Le petit Christian, d’un tempérament discret et rêveur, suit admiratif sa mère, qui met de la beauté dans la vie de tous les jours, la maison et le jardin aussi.
L’enfant s’enivre des effluves parfumés et suaves des fleurs cultivées par sa mère : loin de celles, pestilentielles, de l’usine d’engrais de son père, qui faisait dire aux Granvillais : « Ça pue Dior ».
Granville, est la patrie des Terre-Neuvas, ceux qui partaient pêcher la morue pour six mois, à Terre-neuve. Avant ce long voyage sans retour assuré, les Granvillais fêtaient le départ de leurs héros par un carnaval dont la tradition perdure qui mettait la fièvre dans la ville pendant plusieurs jours.
Ce sera l’occasion pour le jeune Dior, de toucher pour la première fois le matériau de ses rêves : le tissu. Il dessine les tenues de carnaval pour lui, ses frères, sa sœur et les fait coudre par la lingère de la maison.
Les parents de Christian, devenus des bourgeois établis, quittent Granville pour le XVIème arrondissement de la capitale. La villa « Les Rhumbs » deviendra demeure de villégiature jusqu’à ce que la mobilisation en 1914 contraigne la famille à y demeurer pendant trois ans.
Granville, ce sont les amis d’enfance, souvent pour la vie, le travail aussi comme son voisin Serge Heffler-Louiche. Ce dernier, dira de son ami Christian Dior : « Dior, il a été intelligent dix minutes dans sa vie ».
Après la douceur de vivre et l’insouciance, ce sont les années noires. La mère de Christian, Madeleine, meurt prématurément, son père ruiné par le crack boursier de 1929 est contraint de vendre « Les Rhumbs ».
À Paris, Christian Dior découvre la vie de bohème, la misère, la solidarité mais aussi la vie d’artiste avec Jean Cocteau, Max Jacob, Christian Bérard et d’autres. Christian Dior est un temps galeriste, avant de révolutionner le monde de la mode et de créer sa maison de couture en 1947. Il transforme les femmes en fleurs : tailles de guêpes, vestes aux hanches très galbées et jupes s’épanouissant en corolle dans une profusion de tissu. Une journaliste américaine dira, après avoir assisté au premier défilé de ce couturier prometteur : « C’est un nouveau look ».
Christian Dior retrouve son ami d’enfance, Serge Heffler-Louiche, devenu directeur des parfums Coty, à vingt-cinq ans. Ce dernier, lancera le couturier dans une nouvelle aventure : celle des parfums.
La villa « Les Rhumbs » est achetée par la ville de Granville et le jardin de la propriété est ouvert au public dès 1938. En 1997, la villa devient le musée Christian Dior, le seul en France consacré à un couturier.
Cette année, le musée met en scène « Dior, le bal des artistes » : exposition évoquant les artistes proches du couturier comme Jean Cocteau, l’illustrateur René Gruau et d’autres dont le célèbre décorateur Christian Bérard, créateur des costumes et décors du film enchanteur de Jean Cocteau : « La Belle et la bête ». Il est à signaler que le musée Richard Anacréon à Granville rend hommage à Christian Bérard du 14 au 30 août 2011.
La villa « Les Rhumbs » est achetée par la ville de Granville, le jardin de la propriété devient public dès 1938. En 1997, la villa devient le musée Christian Dior, le seul en France consacré à un couturier. Christian Dior écrit dans son autobiographie, Christian Dior et moi : « La maison de mon enfance, j’en garde le souvenir le plus tendre, et le plus émerveillé. Que dis-je ? Ma vie, mon style doivent presque tout à sa situation et à son architecture ».
Références bibliographiques :
« Christian Dior » de Marie- France Pocha ( Éditions Flammarion, 1994).
« Christian Dior » de Christian Dior ( Éditions Amiot Dimont, 1956).
Informations pratiques :
Musée Christian Dior : Villa « Les Rhumbs » Rue d’Estouteville – 50400 Granville
Tél : O2 33 61 48 21
www.musee-dior-granville.com